Με πρωτοσέλιδο τίτλο «Ελληνική θύελλα στην Ευρώπη» η εφημερίδα Λε Μοντ έχει πολυσέλιδο αφιέρωμα στην Ελλάδα, μιλώντας για την αδυναμία σύστασης κυβέρνησης και τις συνέπειες που απορρέουν για την Ευρώπη.

«Ανίκανη να σχηματίσει κυβέρνηση, η χώρα αυτή που είναι της κατηγορίας φτερού για την ευρωζώνη, βυθίζει και πάλι την Ένωση στην κρίση», γράφει στον υπότιτλό της, ενώ στις εσωτερικές της σελίδες με εκτενή αρθρογραφία και πίνακες, μιλάει για «το άρρωστο μέλος μιας εύθραυστης ευρωζώνης».

«Το ελληνικό δηλητήριο παραλύει την Ευρώπη» γράφει η Μοντ και υπογραμμίζει ότι «η εξέγερση των ψηφοφόρων εναντίον της λιτότητας, υποθηκεύει το ευρωπαϊκό σχέδιο βοήθειας, ενώ επανέρχεται στη σκηνή το θέμα εξόδου της Αθήνας από τη Νομισματική Ένωση».

«Το θέμα της Ελλάδος έχει μολύνει όλα τα τρέχοντα σοβαρά ζητήματα της Ε.Ε.» δηλώνει πρώην υψηλός αξιωματούχος της ΕΕ που εκτιμά ότι «η άτυπη Σύνοδος Κορυφής στις 23 Μαΐου ενώ θα έπρεπε να ασχοληθεί με το ζήτημα της ανάπτυξης, θα ασχοληθεί στην ουσία με το μέλλον της Ελλάδος στη Νομισματική Ένωση».

Με δηλώσεις τους άλλοι αξιωματούχοι μιλούν για «τον λαθρεπιβάτη» της ευρωζώνης και δεν καταλαβαίνουν γιατί θα πρέπει να παραμένει.Υπάρχουν όμως και οι πιο μετριοπαθείς που δηλώνουν ότι «πρέπει να υπάρξει ψυχραιμία.Δεν υπάρχει καμιά επείγουσα χρηματοπιστωτική ανάγκη. Δεν είναι απαραίτητο να επισείουμε την απειλή της εξόδου από το ευρώ κάτι που θα μπορούσε να τροφοδοτήσει φήμες με καταστροφικές ψυχολογικές συνέπειες».

Ο Ζακ Ντελπά μέλος του Συμβουλίου Οικονομικής Ανάλυσης επισημαίνει ότι «πρέπει να θυμόμαστε ότι η Ελλάδα έχει σύνορα με την Τουρκία, είναι κοντά στη Συρία, το Λίβανο και το Ισραήλ. Εάν την εγκαταλείψουμε η χώρα μπορεί να γίνει η Σομαλία της Ευρώπης».

Ο επίτιμος καθηγητής της ανώτατης σχολής Πολιτικών Επιστημών Ζαν-Ζακ Ροζά θυμίζει ότι ήδη από το 2010 τόνιζε, ότι η έξοδος της Ελλάδος από το ευρώ ήταν αναπόφευκτη. Ο Ανρί Στερντινιάκ από τον ΟΟΣΑ, παρατηρεί από μέρους του ότι «το σοκ θα ήταν τεράστιο για τη χώρα. Μπορεί να ανακάμψει όπως η Αργεντινή, μπορεί όμως και να βυθιστεί στο απόλυτο χάος».

Η εφημερίδα εκτιμά ότι με αυτές τις συνθήκες «τα περιθώρια ελιγμών για τον Ολάντ είναι ιδιαίτερα περιορισμένα». Υπογραμμίζει ότι «η ελληνική κρίση κάνει πιο δύσκολη την είσοδο του Φρανσουά Ολάντ στη διεθνή σκηνή γιατί με τη σειρά του ο νέος πρόεδρος θα βρεθεί εμπρός στο ακατόρθωτο, την διάσωση της Ελλάδας».

Le “poison grec” tétanise de nouveau l’Europe

Jeudi 10 mai, la Grèce était toujours à la recherche d’un gouvernement. Quatre jours après les élections législatives, à l’issue desquelles le Parlement est sorti émietté et émaillé de partis extrêmes, Alexis Tsipras, leader de la gauche radicale, a échoué à former une coalition à même de diriger le pays. La tâche délicate – impossible, disent certains – échoit désormais à Evangélos Vénizélos chef du parti socialiste, le Pasok.

Le compte à rebours s’accélère. La tenue de nouvelles élections à la mi-juin semble désormais inévitable. Si tel est le cas, la colère du peuple, excédé par des plans d’austérité “barbares” imposés par les Européens et le Fonds monétaire international (FMI), sera-t-elle apaisée ? Peut-on donner de l’air au pays exsangue en dépit de son indiscipline ? Faut-il envisager sa sortie de l’union monétaire, voire de l’Union européenne ?

En Finlande et en Allemagne, on perd patience. “Si la Grèce veut rester, il n’y a pas de meilleure voie que celle que nous avons adoptée, on ne peut pas avoir l’un (le sauvetage financier) sans l’autre (les économies et les réformes) , s’est agacé Wolfgang Schäuble, ministre des finances allemand. Une ligne dure, soutenue par Jörg Asmussen, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) : “Il n’y a pas d’alternative au programme d’assainissement convenu.”,

Bruxelles a, un temps, hésité à geler le versement de l’aide de 5,2 milliards d’euros prévue le 10 mai. Finalement 4,2 milliards seront déboursés mais 1 milliard reste en suspens. Il sera versé – ou pas – d’ici juin en fonction de la tournure des événements à Athènes… En cas de blocage politique persistant en Grèce, les Européens craignent le retrait du FMI du programme d’aide. “Des pays ont traîné les pieds avant de soutenir le second plan d’aide, ils pourraient mettre en avant le chaos politique pour plaider le désengagement du fonds”, redoute un diplomate.

Autrement dit, une fois encore, l’une des plus petites économies de la zone euro – la Grèce représente 2 % de son produit intérieur brut (PIB) – concentre les angoisses. “La Grèce est un poison innoculé dans l’Union européenne qui occulte les vrais dossiers”, se désole un ex-dirigeant européen très respecté.

Le spectre d’une sortie du pays de l’euro, hypothèse désormais abordée sans complexe par les plus orthodoxes, s’invitera de facto à l’agenda européen : le sommet du 23 mai devait parler de croissance ; il se penchera d’abord sur l’avenir de la Grèce dans l’union monétaire, prédit-on.

“Il faut garder son sang-froid”, dit-on dans l’entourage d’un dirigeant à Bruxelles, où l’on s’agace de la moindre allusion au scénario d’une sortie d’Athènes de l’union monétaire : “Il n’y a aucune urgence financière. Il n’est pas malin de brandir la perspective d’une sortie de l’euro, au risque d’alimenter une rumeur aux effets psychologiques potentiellement dévastateurs.”

Jusqu’ici, la zone euro a tout fait pour gérer le naufrage du pays. Mais, à ce stade, les dirigeants, démunis, en sont réduits à donner du temps au temps. “Il faut éviter d’interférer dans le jeu démocratique grec”, plaide Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe.

L’idée est de laisser les pourparlers entre les différents partis aller à leur terme, puis d’attendre l’issue d’un nouveau scrutin. Sans fermer le dialogue, même avec les partis extrêmes qui ont fait campagne sur le rejet de l’austérité. Mais l’espoir s’étiole. “C’est l’impasse totale. Et si la Grèce sort de la zone euro, elle devra aussi sortir de l’Union européenne”, prévient un ex-haut responsable de l’Union

La menace n’est pas inédite. Il y a six mois, lorsque le premier ministre Georges Papandréou envisageait un référendum pour obtenir l’aval de la population sur les conditions exigées en échange d’une seconde aide financière, le tabou d’une sortie du pays de l’union monétaire avait explosé. A l’époque, l’idée effrayait. Les banques de la zone euro, il est vrai, étaient gorgées de dette souveraine hellène. Mais depuis, le plan de restructuration de la dette grecque a permis d’effacer 100 milliards d’euros sur une créance de 350 milliards. Cette option, qui a soulagé modestement le pays, semble avoir fait disparaître la menace d’une implosion de tout le système financier européen. Il ne reste “que” 70 milliards d’euros de dette grecque entre les mains des créanciers privés. Certains s’interrogent donc sur la pertinence du maintien de ce “passager clandestin” dans l’euro.

CAS ATYPIQUE

A juste titre ? Les experts divergent. Pour les uns, l’effet de contagion aux autres “maillons faibles” de la zone euro comme le Portugal ou l’Irlande sera limité : le cas grec est assez atypique pour éviter de penser que d’autres pays pourraient suivre, disent-ils.

Mais il est difficile de prédire la psychologie des marchés souvent irrationnels et d’anticiper la réaction des populations. Paul Donovan, économiste chez UBS à Londres, craint une panique bancaire (“bank run”) dans les pays fragiles comme le Portugal, l’Irlande et, pourquoi pas, l’Espagne, dès l’annonce d’une sortie de la Grèce de la zone euro.

L’enjeu du maintien de la Grèce dans l’union monétaire ne se résume pas à des considérations économiques mais aussi géopolitiques, prévient Jacques Delpla, membre du Conseil d’analyse économique. “Il faut se souvenir que la Grèce est aux frontières de la Turquie, proche de la Syrie, du Liban et d’Israël“, prévient-il. Si on l’abandonne, “le pays deviendrait la “Somalie de l’Europe“”.
Mais, à bien y réfléchir, le pays exsangue a peut-être tout intérêt à abandonner l’euro. A se défaire du joug de ses bailleurs de fonds et à reprendre sa liberté. “Dès 2010, je disais ne pas voir comment la Grèce pourrait se maintenir dans la zone euro. Sa sortie est inévitable”, estime Jean-Jacques Rosa, professeur émérite à Sciences Po et auteur de “L’Euro : comment s’en débarrasser” (Grasset, 2011).

“Ce serait un choc énorme pour le pays, prévient Henri Sterdyniak, de l’OFCE. Il peut, soit leur permettre de rebondir, à l’image de l’Argentine (qui s’est déclarée en faillite fin 2001), soit de sombrer dans le chaos le plus total”.

RETROUVER LA COMPÉTITIVITÉ

D’un point de vue purement théorique, la sortie de la Grèce de la zone euro peut revêtir certains avantages. En revenant à la drachme, le pays pourrait, enfin, dévaluer sa monnaie. Cette option lui permettrait de rendre à sa main-d’oeuvre la compétitivité perdue au fil des ans. S’en suivrait un rebond des exportations à même de relancer au bout de quelques mois, quelques années peut-être, l’économie du pays.

Les partisans de cette solution prédisent aussi un afflux de touristes alléchés par les prix dérisoires des hôtels et des restaurants des îles grecques. “La chute des monnaies donnait un vertige hideux aux touristes”, écrivait déjà Aragon dans Aurélien.

Un scénario qu’il faut très sévèrement nuancer, prévient Paul Donovan, économiste chez UBS à Londres. A ses yeux, “penser que dévaluer la monnaie grecque lui permettrait de relancer ses exportations est totalement faux”. Pour une raison simple, explique-t-il : le pays n’a rien ou presque rien à exporter.

Aujourd’hui l’industrie grecque représente 18 % du PIB du pays. Mais une grande partie des produits fabriqués sont issus de l’agroalimentaire, comme l’huile d’olive. En réduire le prix vis-à-vis de l’extérieur n’offrirait qu’un avantage modique, juge aussi Sylvain Broyer chez Natixis.

Ces experts soulignent aussi l’effet pervers d’une dévaluation. Avec une monnaie dépréciée, les Grecs verront leur pouvoir d’achat – 50 % des produits consommés viennent de l’étranger – s’écrouler, tandis que sévirait une inflation à deux chiffres : jusqu’à 30 % par an, selon M. Broyer.

Le choc pourrait certes être temporaire. Mais il reste la question de la dette du pays. Aujourd’hui libellée en euros, elle exploserait encore davantage si demain le pays devait adopter la drachme.

A moins de convertir les emprunts en monnaie nationale de façon autoritaire, ou de les répudier de façon unilatérale… L’option serait séduisante, si elle ne devait pas être suivie de mesures de rétorsion. En traitant ainsi ses créanciers, le pays deviendrait définitivement “la” bête noire des investisseurs du monde entier.

Les banques du pays, pour leur part, verraient leurs avoirs libellés en euros s’effondrer. Un genou à terre, le secteur financier devrait être recapitalisé alors que les caisses de l’Etat seraient vides.

Asphyxiée, isolée, la Grèce reviendrait ainsi à son point de départ. Ou presque.